Cette histoire est celle de la renaissance d’un vignoble sur un petit terroir aimé par la paléontologie car il plonge ses racines dans l’histoire de l’humanité. Celle des néandertaliens, puis celle des homo sapiens, c’est à dire nos très lointains ancêtres “hommes modernes” dont on retrouve des traces dans la grotte du Placard, toute proche, classée monument historique en 1989. Bienvenue à Saint Sornin.
Une originalité géologique
C’est un petit territoire de Charente aux confins nord-est du bassin aquitain et du Limousin tout proche. Le sol calcaire du jurassique inférieur est recouvert d’argile à galets, provenant du Massif Central. Le fameux karst de La Rochefoucauld dans lequel les deux petites rivières le Bandiat et la Tardoire disparaissent pour réapparaître aux Sources de la Touvre est en limite du territoire de Saint Sornin qui “culmine” à près de 200 mètres d’altitude. Oui en Charente, c’est quasiment le point le plus haut !
C’est un endroit géologique riche qui intéresse également les paléontologues depuis le XIX è siècle.
Ils y ont fait des découvertes étonnantes, parmi lesquelles cette fameuse grotte du placard. Mais elle n’est pas la seule. C’est à l’intérieur qu’ils ont trouvé des traces de nos lointains ancêtres, ces fameux homo sapiens.
Un terroir pour la vigne
Nul doute que la vigne ne pouvait que se plaire sur ce sol si particulier associé à un taux d’ensoleillement important.
Et effectivement, la tradition viticole remonterait au XVIIè siècle pour certains. Une petite enclave singulière dans une région plutôt dédiée à l’élevage et aux cultures. Puis, comme partout, le phylloxera s’est invité à Saint Sornin et les 470 hectares de vignes ont brutalement disparu. Des années plus tard, quelques vignes ont été replantées, et à la fin de la seconde guerre mondiale, le vignoble s’étendait sur 30 ha : une production de vins “de consommation courante,”dira-t-on pour ne pas être trop sévère…
Mais depuis plusieurs années quelques vignerons courageux et ambitieux sur la qualité et les pratiques culturales font revivre ce petit terroir viticole.
Les nouveaux “sapiens” de Saint Sornin
Aujourd’hui je vous en présente deux, déterminés et passionnés. Olivier Pucek, vigneron du domaine Maverlan à Saint Sornin et Jacques Soulat, caviste et vigneron qui se sont lancés dans cette aventure folle de faire revivre un vin de grande qualité sous l’étiquette Saint-Sornin.
Ils ont en commun de croire passionnément à ce terroir et ambitionnent de restructurer ce vignoble historique de Saint-Sornin dans une démarche de viticulture durable. Et devinez quoi ? leur vignoble de 4 hectares qui fait partie du patrimoine charentais bénéficie du seul droit sur le territoire charentais à revendiquer sa référence de zonage, IGP vin charentais – Saint Sornin !
La famille Sapiens
Ils sont deux également: Sapiens et Petit Sapiens, les nouveaux vins issus des vignes du duo et dont les premières cuvées viennent de sortir. Si vous vous demandiez peut être pourquoi je vous parlais de paléontologie dans l’introduction, vous avez la réponse maintenant.
Mais ou courent ces sapiens sur l’étiquette ? Mais sur votre table évidemment.
Sapiens
Sapiens est un assemblage de 90 % de Gamay et 10 % de Cabernet Franc. Le 2019 est en vente, élevé en barrique, il a été mis en bouteille en décembre dernier. Le 2020 est lui en barrique mais j’ai pu le goûter récemment.
On retrouve déjà ces arômes de fruits rouges et noirs qui donnent du caractère au vin, compagnon idéal des barbecues de viande rouge et d’assiette de charcuterie. (vegan s’abstenir…) C’est un vin de garde, que l’on peut consommer dès à présent en le carafant pendant que les braises se forment !
Petit Sapiens
Assemblage de 50 % de Gamay et 50 % de Cabernet Franc, il a d’abord été passé en cuve, puis en barrique pendant 4 mois.
Toujours dans une gamme aromatique de fruits rouges et noirs, il est plus rond. A garder 4 à 5 ans et à consommer dès les beaux jours également en le carafant avant de le servir.
3900 cols pour Sapiens et 6900 pour Petit Sapiens, n’hésitez plus, et bon appétit, bonne dégustation.