Elle/il se lève chaque jour très tôt entre 4 et 6 heures week end compris, pendant la période de distillation. Comme pour une course autour du monde en solitaire, elle/il traverse les semaines voire les mois, suivant la quantité à distiller. Le 31 mars marque la fin obligatoire de la distillation. Même si la technologie et le pilotage par informatique sont entrées dans les distilleries, notamment au niveau de la chauffe, ce qui permet de dormir dans son lit et non plus au pied de l’alambic, le/la distillateur/rice, veille jalousement sur l’eau de vie en devenir, se fiant aussi à ces 5 sens en éveil.Le distillateur est soi un “bouilleur de cru” qui distille sa propre production, soit un “bouilleur professionnel” qui distille pour lui et pour d’autres viticulteurs à qui il achète le vin. Les bouilleurs de cru vendent l’eau de vie aux négociants ou élaborent leur propre cognac et assure sa commercialisation.
Une femme dans sa distillerie
L’origine de la présence de la famille de Line à l’endroit même où elle nous reçoit, remonte à…1610, ce qui est devenu le cœur du cru de la prestigieuse “grande champagne” : 18 hectares de vignes, dédiées au pineau et au cognac. Depuis un siècle, 3 générations ont œuvré avec passion au développement de la propriété, chacune d’entre elles apportant son expertise et sa vision du cognac Guillon-Pinturaud, reconnu pour son extrême qualité. Une transmission familiale, grand-père, père et aujourd’hui fille. C’est au grand-père de Line que l’on doit de voir encore aujourd’hui ce magnifique alambic en cuivre, acheté en 1914, toujours en fonctionnement et duquel sortent les eaux-de-vie qui produiront les plus précieux cognacs.
Le père de Line a été lui l’architecte du développement, dans les vignes et à la distillerie. Il a notamment acheté le second alambic et a démarré la vente directe à la propriété, Line avait alors 6 ans. Adolescente, elle était présente à la boutique.
Après une formation commerciale, Line a commencé sa vie professionnelle… ailleurs. Elle est revenue quelques années plus tard, encore plus attachée au produit, à la région qu’il l’a vu naître. Un changement de vie qui a nécessité de passer un bac agricole brillamment réussi, puis d’apprendre “sur le tas” ainsi qu’auprès d’un œnologue. Cela fait maintenant 22 ans que Line vit au quotidien ce métier de passion “Je ne regrette rien” nous confie-t-elle même si certaines tâches demeurent de la force physique et de l’endurance. Une femme dans un univers plutôt masculin ? “ j’ai l’habitude de travailler avec des hommes, cela n’est absolument pas un problème, j’aime travailler avec eux” dit elle. L’approche du travail, l’expérience, la sensibilité peuvent être différentes mais au final Line ne voit aucune différence majeure entre hommes et femmes. Le plus important pour elle réside dans “cette liberté que l’on ressent d’être à la fois viticultrice et distillatrice”
La distillation a commencé le 2 novembre, et Line aura terminé juste avant Noël. Pendant cette période, chaque jour Line se lève très tôt pour être dans sa distillerie dès 6 h30, café en main. Le process de distillation, toujours le même depuis l’origine, est particulier au cognac. (en savoir plus ici dans mon précédent post) . Une longue journée commence au cœur de l’élaboration de l’eau-de-vie. C’est un cyle renouvelé de 24 heures A 18h, Line prépare l’activité de la nuit, qui s’effectuera en automatique. Néanmoins ces opérations, maintes fois répétées nécessitent beaucoup d’attention. La distillatrice a une porte à franchir pour se retrouver dans son espace familial, cependant elle s’est installée un petit bureau au cœur même de la distillerie pour veiller sur ses alambics.
Et qui mieux que Line peut nous parler de son travail ? Dans cette vidéo, elle vous explique son travail au quotidien
Retrouvez Line sur http://www.cognac-guillon-painturaud.com/
