Chabram ² – Restitution de la nouvelle résidence d’artistes

une toile réalisée à partir d'un tapis transformé en tampon

C’est jusqu’au 26 juin au Centre d’Art Contemporain en milieu rural, à Touzac en plein coeur de grande champagne de Cognac. C’est une fois encore, surprenant, audacieux, et onirique. Je vous encourage vivement à vous plonger dans le dialogue et le travail en duo de Barbara Kairos et Ladislas Combeuil qui se sont nourris des lieux pendant leur temps de résidence, pour proposer des installations “pensées à deux cerveaux et réalisées à 4 mains”

Deux artistes, deux univers distincts

Partageant le même atelier depuis 5 ans, les deux artistes n’en n’ont pas moins des pratiques et des univers très différents. Barbara se joue des éponges, mousses et autres élastomères qu’elle tord, transforme, immobilise ou fait flotter, attirée par les lignes de crues, et l’effacement. Elle s’intéresse à cette matière molle qui se déforme et sur lequel elle n’a pas de contrôle apparent, cherchant par la même à cultiver sa propre surprise, à répondre l’inattendu. Barbara cherche, découvre, se passionne pour les énigmes, les vestiges archéologiques, précieux ou vernaculaires. En les réinterprétant, elle les transforme et leur confère une nouvelle vitalité insolite.

Ladislas est habité par l’effacement volontaire de l’image, ses toiles blanches retournées ont été le premier symbole de sa recherche artistique. Ils les a nommées “Pensées pour moi-même” empruntant le titre à l’empereur stoïcien Marc Aurèle . Ce travail l’a conduit vers une nouvelle manière de penser la peinture puis de se diriger vers la sculpture. Il affronte physiquement le bois, avec raboteuse et ciseau à bois aujourd’hui. Il fait apparaître alors les lignes de colle, les strates cachées, dévoilant ainsi l’intérieur du bois. ” je ne fais que révéler le bois” dit-il modestement, mais je peux vous assurer que le résultat révèle lui un véritable geste artistique. Ladislas est en cela plus sculpteur que peintre.

Barbara et Ladislas nous donnent à voir de manière presque furtive quelques exemples de leur travail individuel sur le mur du couloir qui mène aux classes.

Visite guidée

Leur recherche et leur travail en commun qui donne lieu à cette exposition n’en n’est que plus intéressante. J’ai pu visiter l’exposition en compagnie de Ladislas, mon guide de cette belle fin d’après midi dans l’Ecole au milieu des vignes. Les 3 salles sont chacune différentes.

Il faut également descendre voir l’exposition en sous-sol, consacrée au travail réalisé par les élèves de terminale SAPAT du LPA Félix Gaillard de Barbezieux. Ils ont rencontré Barbara et Ladislas une première fois dans leur atelier puis ont suivi leur résidence d’artistes. Le travail de restitution qu’ils ont fourni à partir de collage et de linogravure sous la direction des 2 artistes démontre si besoin était toute l’importance de donner aux élèves la possibilité de rencontrer des artistes, d’échanger avec eux, et de comprendre que chacun porte en soi sa part de créativité.

une plaque de linogravure

La salle des sols

La reconstitution partielle d’un plancher en plâtre très fragile jouxte des peintures sur toile grand format dont la réalisation est une histoire à part entière. Barbara était attirée par le côte usuel du tapis et Ladislas par son côté ornemental. Ils ont récupéré de vieux tapis très usagés, repeint le motif à même les tapis qui sont ainsi devenus des tampons géants. Le résultat final sur toile dévoile des vibrations, couleur par couleur, parfois un décalage, et les défauts d’impression liés à l’usure créent une sorte de relief.

la salle des sols exposition de Chabram²
détail d'une toile chabram²
rouleaux dans la salle des sols de l'exposition de Barbara Kairos et Ladislas Combeuil Chabram²

La salle des collages et papier peints

Ils pourraient devenir éditeurs de papier peint ! L’idée de départ surgit parfois d’un détail pragmatique du quotidien, comme le dit Ladislas. Comme leur atelier n’est pas encore isolé, il faisait très froid à l’intérieur cet hiver. Les 2 artistes se sont décidés à faire des collages de petite dimension auprès du feu. Puis ils ont sélectionné 12 collages, qu’ils ont ensuite réalisé en linogravure, (le principe des tampons). L’idée était de créer un paysage de collines qui s’empare de l’espace, le submerge. Ces lais de toile forment un paysage avec des strates, certains visiteurs y voient des vagues qui déferlent. On y retrouve la dualité de l’intérieur et l’extérieur, le papier évoquant l’intimité du foyer et son installation sur tasseaux les vallonnements du paysage de grande champagne. L’imagination est reine.

les collages et papiers peints exposition chabram²
la salle des papiers peints barbara kairos et ladislas combeuil chez chabram²
un modèle de collage dans l'exposition chabram²

Les inuksuks charentais

Ces sortes de cairns, emblématiques de la culture innuit, sont placés en pleine nature dans des points bien précis. Ces empilements de pierres ont des fonctions directionnelles, et/ou des fonctions de repérage pour signaler une cache de nourriture ou le passage de caribous. A Touzac, les deux artistes se sont amusés à créer “des inuksuks charentais” comme le dit malicieusement Ladislas. Si l’esprit est léger, chaque iniksuk est composé d’éléments extérieurs du paysage autour de la résidence et d’éléments domestiques : bols, passoires, tuyau d’arrosage… Partiellement ou totalement immergés dans le plâtre pour créer des lignes de crues, chères à Barbara, ces objets disparaissent pour révéler un autre univers. C’est la sculpture qui attire par sa forme et non ses composants qui s’effacent.

un inuksuk charentais exposition chabram²

Cette démarche exigeante d’effacer pour mieux révéler, de se laisser surprendre tout en maîtrisant le propos artistique m’a rappelé en écho, le travail de Vilhs. Des expressions artistiques très différentes, mais un besoin de révéler ce qui était caché ou semblait avoir disparu. Je vous remets le lien direct pour l’article que je lui avais consacré à la fin de cet article.

L’exigence de Chabram² et son talent

Enfin j’ai trouvé une filiation subtile avec la précédente exposition et la travail sur la mémoire des champagnots, qui démontre si besoin était, l’extrême exigence que l’association Chabram² apporte à chacune des expositions qu’elle propose : installer le visiteur dans un double regard entre l’intérieur et l’extérieur, les émotions et le paysage, et accueillir des artistes visuels souhaitant approfondir leur travail dans ce lieu propice à la création.

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