J’ai eu la chance de goûter un pur jus de raisin très rare, celui du baco noir. Rare, parce ce cépage n’est quasiment plus utilisé. Héritage d’un passé post-phylloxéra, il en existe encore quelques treilles. Celle-ci ci court majestueusement et librement au mur d’une ancienne distillerie de cognac.
Le jardin naturel d’Isabelle et Christophe
Isabelle et Christophe se sont installés dans cette ancienne distillerie au bord de la Charente. Attentifs à la nature et vivant en harmonie avec elle, ils ont développé au fil du temps, une incroyable créativité, du jardin jusqu’à la cuisine. Autodidacte, passionnée de jardin naturel et de permaculture, Isabelle à créé son premier jardin il y a 5 ans puis un second un an après. Elle est très attentive à donner sa place à tous les êtres du jardin, végétal et animal. Cette jardinière respectueuse observe jour après jour comment il évolue. Dans ses espaces cultivés en forme de cercle, “mon jardin Mandala” comme elle le dit joliment, les fraises côtoient les tomates, les courges et les framboisiers se font la courte échelle…Une joyeuse et exubérante pagaille qui produit des légumes et des fruits 100 % naturel.
Une vigoureuse centenaire
La treille de baco noir était là lorsqu’ils se sont installés, et il y a tout lieu de croire qu’elle a un âge vénérable, comme celui du bâtiment. Dans ce lieu où les propriétaires observent sans contraindre, la treille a tout loisir de continuer son escalade sur le mur. Chaque année la récolte est abondante pour donner ce jus de raisin pourpre, sombre et épais qui est un vrai délice.
L’histoire du baco noir
Ce cépage, progressivement abandonné à la fin des années 30 est né de la recherche de François Baco, instituteur landais. Alors que le phylloxéra avait ravagé des milliers d’hectares de vigne, il a eu l’idée de faire un croisement entre un cépage américain, le vitis riparia et le cépage folle blanche très utilisé dans le sud ouest et dans le vignoble de cognac.
Ses travaux lui ont valu le mérite agricole en 1901, puis la légion d’honneur plusieurs années plus tard. Son cépage s’est exporté dans le monde entier, avant de perdre du terrain avec la création des AOC en France.
A Cognac, la solution de la greffe sur un pied américain a prévalu très rapidement et l’Ugni blanc, beaucoup plus résistant a remplacé la folle blanche.
Il reste donc quelques treilles isolées, comme celle-ci. A sa manière, elle témoigne de l’inventivité développée au début du XXième siècle pour survivre au désastre du phylloxera.