C’est pour une raison très personnelle que je vous emmène en Bourgogne, dans le mâconnais, Elle ne tient pas seulement à mon implication directe dans le positionnement d’image et le contenu éditorial du Domaine Philippe Guyonnet, mais avant tout, parce qu’il s’agit d’une histoire de passion. Et en l’occurence celle de mon fils Philippe pour l’œnologie, les terroirs, et ce moment où il a franchi le pas et acheté en Bourgogne un ancien clos clunisien envahi par la végétation.
Le bon moment
Il fallait oser franchir le pas qui conduit l’amateur passionné de vins et notamment de vins de Bourgogne, à “passer de l’autre côté”. Je ne vous cacherai pas que cela a pris du temps : celui de l’alternance de périodes d’enthousiasme et de doute. Puis celui ou Philippe s’est aperçu qu’il avait accumulé suffisamment de connaissances pour pouvoir franchir ce fameux pas, qu’il se sentait parfaitement clair sur le vin qu’il souhaitait produire. Et parallèlement, le temps de la recherche de l’endroit qui pourrait exprimer cette envie et la concrétiser.
Le lieu
Lorsqu’il est venu à Cruzille, pour la première fois, Philippe a été immédiatement été saisi par la sérénité qui se dégageait de ce territoire qui semble éternel et immuable : des pâturages, des vignes à flanc de coteaux, des forêts coiffant les sommets des monts du Mâconnais, et cette pierre de Bourgogne qui donne une tonalité chaleureuse aux maisons et aux édifices. C’est un paysage en partie façonné par les moines de la célèbre Abbaye de Cluny qui ont commencé à de planter de la vigne il y a plus de 1000 ans. Pour un passionné d’histoire de France, la résonance était parfaite.
Un pari un peu fou
Philippe a pu acquérir un petit ensemble de clos clunisiens, idéalement situés à flanc de coteaux sur la commune de Cruzille. Traversées par un chemin qui menait à l’Abbaye de Cluny, ces parcelles étaient complètement envahies par la végétation qui s’en donnait à coeur joie depuis le Phylloxéra. Les petits murs de pierre étaient très abimés mais toujours visibles fort heureusement.
C’est donc sur un pari un peu fou que l’histoire du Domaine Philippe Guyonnet a commencé. Le défrichage des deux parcelles restantes et jusqu’alors inexploitées du Clos de la Mollepierre, la pierre dont on on fait les meules, s’est fait progressivement.
Nul ne savait vraiment quel était l’état du sol après ces années de jachère et de végétation sauvage. Et ce fut une bonne surprise.
Aujourd’hui les premiers plants de vigne ont réinvesti le clos de la Mollepierre renouant avec le paysage ancestral ante-Phylloxéra. la parcelle du « Bas du Clos » vient être plantée. Bientôt la parcelle du « Haut du Clos », située juste au-dessous et séparée de la précédente par ces fameux murs de pierre, accueillera prochainement ses plants. Les vignes jouissent d’une vue exceptionnelle : par beau temps, elles pourront apercevoir les sommets enneigés du massif du Mont-Blanc !
Le “haut du clos”
Les premières cuvées Domaine Philippe Guyonnet
En attendant les premières vendanges espérées dans deux ans, Philippe a co-vinifié 3 micro cuvées de Mâcon Vergisson et de Pouilly Fuissé issues de quelques-unes des plus belles parcelles de Vergisson. Là encore, il s’agit d’un lieu qui ne laisse pas indifférent. Comment ne pas être impressionné par la beauté de cette roche dressée face à sa jumelle non moins célèbre, Solutré. Sur ce lieu relativement réduit en superficie, la diversité géologique alliée à plusieurs micro-climats très spécifiques multiplient les possibilités d’expression du cépage chardonnay.
Des compagnons de route attentionnés
Rien n’aurait été possible sans des histoires d’amitié avec des « passeurs » de grand talent. Manuel Peyrondet, Meilleur ouvrier de France en sommellerie, Meilleur Sommelier de France, fondateur de Chais d’œuvre, qui a toujours encouragé Philippe et l’a incité à « franchir le pas ». Emmanuel Guillot, un des plus brillants interprètes du mâconnais qui accompagne Philippe aujourd’hui en co-signant ces micro-cuvées.
Une année de lancement inattendue
Alors que cette année sans perspective a mis à mal les envies et les rêves, ce projet porté avec énergie et passion a permis à notre petite communauté familiale de vivre semaines après semaines dans un avenir immédiat enthousiasmant. Des moments intenses rythmés par les replantations sur le clos de la Mollepierre, les vendanges de Mâcon-Vergisson et de Pouilly-Fuissé, la vinification pour les cuvées 2020, la mise en bouteille et le bouchage à la cire des cuvées 2019.
La création de l’image du Domaine Philippe Guyonnet, l’élaboration des étiquettes et leur impression, la réalisation du site internet ont avancé conjointement.
Sans oublier bien sûr les premières dégustations à quelques amis, entre 2 confinements, et en cette fin d’année les premières ventes…
Mâcon Vergisson et Pouilly-Fuissé
Lorque l’on consulte un relevé géologique de cet incroyable endroit façonné par des millions d’années de transformation et d’érosion, on comprend mieux comment cette diversité à la fois géologique et climatique confère au chardonnay une pluralité d’expression que l’on retrouve dans ces 3 micro-cuvées. Mais je laisse le soin à Philippe de nous les présenter.
Mâcon Vergisson 2019 J’ai voulu un vin qui plaise aussi bien aux connaisseurs pointus qu’aux amateurs, la bouteille qu’on aime partager entre amis à l’apéritif et qui peut également accompagner un repas . Il est issu d’une rare variété de Chardonnay « muscaté » qui lui donne sa typicité. La vigne est plantée sur une parcelle qui jouxte le Pouilly-Fuissé « Sur la Roche » qui vient d’être classée premier cru début septembre 2020.
La deuxième cuvée est un Pouilly-Fuissé issu de la parcelle historique située à côté de l’église de Vergisson. Un long élevage en foudre lui permet d’exprimer toute la spécificité de son terroir de calcaires durs à « gryphées ». Un grand vin puissant et minéral
La troisième cuvée enfin est une folie : elle a été élaborée en utilisant uniquement les raisins des très vielles vignes de plus de 80 ans, de la parcelle de Pouilly 1er cru « Sur la Roche ». Elle sera élevée 2 ans.
Ne soyez donc pas étonnés que je vous emmène régulièrement en Bourgogne au fil des mois, comme je le fais lorsque je visite d’autres régions viticoles,. Mais vous aurez compris que pour ce Domaine, mon attachement est plus particulier et plus intime.
In fine, les histoires de vignobles, de terroirs, de vins sont toujours l’expression de passions quelles qu’en soient l’origine et c’est en cela qu’elles nous captivent.