12 septembre 1494, naissance à Cognac du petit François, issu d’une branche cadette des Valois-Angoulême et n’étant pas à priori destiné à régner. Bien que… Sa mère, Louise de Savoie, en a tout de suite été intimement persuadée ayant foi en la prophétie de François de Paule, le célèbre ermite calabrais, fondateur de l’ordre des Minimes. Ce dernier venait en effet de lui prédire que son fils serait roi. Et l’avenir, lui donna raison. Les vies brèves, maladies et mortalité infantile étant monnaie courante à l’époque aidèrent un peu aussi à cette prophétie !
Je vous offre d’ailleurs un petit plus pour briller dans les dîners en ville… Si certains ont des doutes sur la véracité de vos propos, envoyez les au Louvre, Aile Richelieu, niveau 2 salle 806. Cette prophétie a été immortalisée un sicèle plus tard par Théodoor van Thulden. Ne me remerciez pas, c’est cadeau.
Un grand amour filial
Si le roi François 1er est très attaché à sa ville natale, il est très lié à sa mère Louise de Savoie qui avait fait de Cognac, avec son mari Charles d’Orléans leur résidence principale.
Et s’il est resté dans l’histoire comme le roi de la Renaissance, faisant évoluer significativement tous les arts en accueillant et encourageant des artistes audacieux dans toutes les disciplines, il le doit au milieu de princes cultivés et fins lettrés dans lequel il a été élevé. Son grand-père possédait déjà une bibliothèque importante, que son fils Charles et son épouse Louise de Savoie ont continué d’enrichir. Les parents de François et de Marguerite ont par ailleurs encouragé l’essor de l’imprimerie en confiant de prestigieuses commandes au célèbre Antoine Vérard, imprimeur parisien. C’est ainsi que la cour de Cognac favorisa la culture humaniste de la Renaissance.
Après le décès prématuré de Charles, Louise s’attache à développer ce havre de tolérance et de culture que représente la cour de Cognac. Ses enfants grandissent dans l’amour de la culture italienne dès leur plus jeune âge. Ce n’est pas un hasard si Marguerite d’Angoulême, soeur adorée de son frère, et vénérée par de nombreux auteurs de l’époque dont Rabelais est l’auteur reconnue de plusieurs ouvrages au premier rang desquels le célèbre Heptaméron, recueil de contes et nouvelles.
“Le lundi 9 janvier 1514 la reine Anne trépassa à Blois. Et le mardi après dîner à Cognac, mon fils et moi en fûmes avertis entre cinq et six heures avant midi. Le mercredi 11 janvier 1514, je partis de Cognac pour aller à Angoulême et aller coucher à Jarnac ; et mon fils démontrant l’amour qu’il avait à moi voulut aller à pied et me tint bonne compagnie”
jOURNAL DE lOUISE DE sAVOIE 1514 (extrait)
La devise de cette mère aimante et engagée était à ce titre prémonitoire “Libris et liberis” (pour mes livres et mes enfants). Avec une telle émulation pour les arts et la culture, il était évident que ces deux-là allait marquer leur époque.
L’attachement à sa ville natale
S’il en partit assez tôt pour Amboise en tant que jeune prince héritier, il y revint régulièrement en tant que roi et n’oublia jamais de favoriser son développement. Il en fut ainsi de même pour Angoulême. Il exempta de taxes ces deux villes de coeur de la famille. Il concéda au port saunier de Cognac, une des principales richesses économiques d’alors avec le vin, le privilège de recevoir en franchise les sels de Saintonge. Une manne appréciable et apprécié par les marchands sauniers qui devaient s’acquitter du “quart sel” auparavant, correspondant au quart de la valeur du cours du sel du jour. Quand on se rappelle que le sel était indispensable pour la conservation des aliments, ce privilège était conséquent.
De la même manière et quelques jours seulement après son accession au trône de France, François 1er érige le comté d’Angoulême en duché, un duché qu’il confie à sa mère Louise. Il accorde également une exemption de tous les impôts (taille et emprûnts) en faveur des habitants de sa chère ville. Cognac devient ainsi un paradis fiscal avant l’heure en quelque sorte !
Une exposition pour lui rendre hommage
Si pour vous François 1er était plus naturellement associé à Marignan, Amboise, Blois , Chambord, Léonard de Vinci, il est temps de découvrir l’exposition qui met en lumière les liens privilégiés du roi et de sa ville natale et qui le présente sous un jour différent de ceux des manuels d’histoire. Vous avez jusqu’au 1er décembre pour venir à la rencontre du roi cognaçais et je vous y encourage vivement.
En bonus dans la visite, l’épée du roi, souvenir plutôt malheureux de la défaite de Pavie qui le vit devenir prisonnier de son ennemi intime Charles Quint. Et qui récupéra cette épée et la ramena en France quelques siècles plus tard ? Napoléon 1er !
Cette exposition inédite est labellisée « exposition d’intérêt national » ce qui est somme toute mérité puisque ce label récompense les musées de France qui mettent en œuvre des expositions remarquables tant par leur qualité scientifique que par le caractère innovant des actions de médiation culturelle qui les accompagnent.
La maison du négociant, musée d’art et d’histoire à Cognac
Exposition visible de septembre jusqu’au 1er décembre du mardi au dimanche, de 14h à 18h
Et si vous voulez en connaître un peu plus sur l’histoire de la ville de Cognac, je vous encourage à lire “Les destinées singulières, Yann Fillioux et le cognac“. Vous me pardonnerez bien sûr cette petite auto-promotion.
