La vigne, le gel et la grêle

La nature reste le maître et elle sait le rappeler. Ce ne sont pas les viticulteurs qui risquent de l’ oublier. Ils travaillent avec elle chaque jour, et savent qu’elle peut  parfois être bien cruelle. Les orages de grêle, qui ont rythmé la saison dernière dans le cognaçais, l’épisode de gel tardif cette année sont là pour le rappeler. Dès lors, comment faire pour se  protéger de ces aléas climatques, et peut on s’en protéger ? Comment réagissent la vigne et les viticulteurs ? Living in Cognac est parti à la rencontre de Nicolas, viticulteur, et en charge du dossier aléa climatique au niveau de l’interprofession.

7′ dans une saison

C’est la durée de l’orage de grêle qui s’est abattu le 27 mai 2016 ravageant près de 10 % du vignoble à plus de 80 %. Il a été suivi par deux autres épisodes violents, et pour certains sur la même zone de passage,  une diagonale sud-ouest/nord-est remontant du Médoc et traversant l’estuaire de la Gironde.

L’impuissance, l’abattement, le découragement, les viticulteurs touchés vivent toutes ces étapes en accéléré. Certes, tous les professionnels qui travaillent la terre savent que rien n’est jamais acquis, certes des assurances existent, certes la fameuse réserve climatique permet d’atténuer les conséquences, notamment financières, de ces vignes ravagées, mais l’émotion suscitée met du temps à disparaître. Car la vigne est vivante : un grand nombre de viticulteurs lui parle, la considérant  comme un être vivant, un membre à part entière de la famille. Elle est “enrhumée” quand un petit coup de gel est passé dans la nuit, elle “sourit” quand les feuilles se relèvent et que l’alerte est passée…

“La grêle, comme le gel sont  toujours des épisodes traumatisants” confie Nicolas. “C’est le travail de toute une année qui s’anéantit sous nos yeux en quelques instants sans que l’on puisse faire quoi que ce soit”.

L’instant d’après, est celui des constats et des interrogations : la vigne va t elle repartir ? et comment se comportera-t-elle l’année prochaine ? Et  bien sûr pas ou peu de récolte cette année, les vendanges, aboutissement du travail d’une année sont inexistantes ou réduites à la portion congrue, un autre moment difficile à vivre. .

“On est des passionnés, nos vignes on les aime”

livingincognac 2017 Nicolas

Une évidence quand on s’entretient avec Nicolas.. ” Quand la vigne est grêlée, il faut attendre 4/5 jours sans rien faire, puis voir comment elle réagit. Comme une personne, elle est meurtrie, elle se bloque, puis apparaissent quelques tentatives de redémarrage, comme si elle se posait la question ” j’y vais ? j’y vais pas ?”….

Nicolas comme tous ses confrères confesse le caractère pudique du viticulteur.” On ne sait pas en parler ou on en parle mal, mais au-delà de l’impact financier, ce qui nous touche le plus c’est de parcourir les rangs et la vigne meurtrie. C’est souvent très difficile humainement“.

 

Une brigade de veilleurs

180 diffuseurs à iodure d’argent  sont répartis sur le vignoble du cognac. 4 personnes en veille constante, sont associées à chaque diffuseur dont le référent principal, un peu sur le principe des pompiers volontaires.  Un système d’alerte qui arrive sur les mobiles dans un ordre défini. Si le référent n’est pas disponible, c’est le second numéro indiqué qui est appelé et ainsi de suite.
Pour être efficace, l’alerte grêle doit être diffusée par Météo France 6 heures avant le passage des nuages de grêle et les 180 diffuseurs doivent être allumés en même temps. Le diffuseur placé dans une commune, n’agit pas sur celle-ci mais sur celle située 10 km plus loin dans le sens du passage….

Un système d’une grande simplicité de mise en œuvre et de fonctionnement :  l’allumage du gicleur dans la cheminée  métallique permet  d’envoyer dans l’atmosphère une solution à base d’iodure d’argent. Elle monte , à plusieurs milliers de mètres d’altitude et se fait aspirer dans  les cumulo-nimbus. La réaction provoque un augmentation  des  grêlons tout en diminuant considérablement leur taille initiale. Au final en arrivant au sol, les grêlons sont moins dangereux, voire parfois inexistant et les dégâts sont donc limités. Cette protection permet de protéger l’ensemble de la zone viticole donc tous les biens et personnes, les particuliers comme les professionnels.

 

 

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