C’est un petit gâteau de forme triangulaire qui se déguste seulement un mois dans l’année. Il est intimement lié au dimanche des Rameaux. A Villebois-Lavalette qui défend la paternité de la recette, la fête rassemble un public très nombreux. Près de 12 000 cornuelles sont vendues en une seule journée. Tradition chrétienne ou païenne, les avis divergent sur l’origine. Toujours est-il que la consommation de ce petit sablé mystérieux est addictive !
La version chrétienne
La forme du gâteau symbolise la Trinité. Le trou central au milieu du sablé permettait de glisser le buis béni lors de la messe des Rameaux. Les cornuelles se vendaient d’ailleurs devant les églises, ce qui n’est plus le cas maintenant. Fabriquée pendant la période du carême, la pâte, dont la recette originale est gardée secrète, ne comporte que peu d’ingrédients.
A Villebois Lavalette, la messe des Rameaux et la bénédiction des buis a lieu sous la halle, en plein air.
Aujourd’hui la température était relativement fraîche pour un printemps en Charente, mais qu’importe, l’espace était complet.
La version païenne
La forme du gâteau évoquerait le sexe féminin et célèbrerait la fécondité, liée aux fêtes priapiques du printemps.
Comme quoi, l’imagination est fertile sur l’origine du gâteau.
Une tradition des bonnes choses
Ce qui met tout le monde d’accord, c’est son goût. C’est un sablé, mais qui garde son mystère. Les deux artisans boulangers de Villebois gardent jalousement leur recette qu’ils tiennent de leurs prédécesseurs respectifs. La pâte est découpée avec un emporte pièce spécial, dorée au jaune d’oeuf, garnie de grains d’anis puis passée au four une vingtaine de minutes. C’est tout ce que nous saurons, le reste est top secret !
Aujourd’hui, des variantes à la crème chibouste ou chantilly existent pour ceux qui trouvent le sablé trop sec, une entorse à la tradition…
Ce matin, la file d’attente devant les deux boulangeries de Villebois était impressionnante, il fallait prendre son mal en patience, dans le froid, pour atteindre le graal !
Les plateaux de cornuelles arrivant directement du four étaient vidés en un clin d’oeil.
Ce matin, la cornuelle était omniprésente : éléments de décoration du portail végétalisé de la halle,
guirlande dans les rues, sur les vitrines, sur les bans de la halle pour l’office, dans les bras du nombreux public,
sur les têtes des bénévoles du comité des fêtes,
partout vous dis-je.
La commune a d’ailleurs déposé le nom et la recette de la cornuelle il y a plus de 10 ans, elle est devenue le symbole du village.
Après avoir pris un café bienvenu par le temps qui n’est pas de saison, nous sommes repartis avec les cornuelles et le buis béni, pour aller déguster cette gourmandise au chaud à la maison.
Non, je n’ai pas craqué pour le chapeau !
Beau dimanche à tous.