Les vendanges sont toujours un moment particulier, intense et précieux. Pour chaque viticulteur, c’est l’aboutissement d’une année de travail, parfois perturbée plus ou moins fortement par les aléas climatiques. Il est seul à décider quel jour il va commencer, un choix toujours délicat qui nécessite tout à la fois une expertise professionnelle certaine et une bonne dose d’intuition, de ressenti, d’expérience. La période de la vendange est toujours intense émotionnellement.
Cette année est une année particulière pour le vignoble de cognac. Les aléas climatiques ont été nombreux et malheureusement répétitifs. Une gelée de printemps, suivie de 3 orages de grêle, aussi inattendus qu’extrêmement violents ont ravagé de nombreux hectares et certains viticulteurs ont été touchés plusieurs fois. Pour ces parcelles, les vendanges ont commencé plus tôt que d’habitude.
Après un été très sec, et fort heureusement une pluie salvatrice que l’on n’attendait plus en septembre, les vendages ont commencé autour du 3 octobre et se terminent en ce moment pour les dernières parcelles. Les vendanges dans le cognac durent environ 3 semaines. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte, le lieu, le sol, l’ensoleillement, le degré de maturité des grappes…. Le BNIC, (Bureau Interprofessionnel du Cognac) et son département technique suggèrent une date de début de vendange, mais in fine, chaque viticulteur “seul maître à bord” décide du moment où la machine à vendanger va pénétrer dans le premier rang.
Un moment magique pour le viticulteur, le résultat d’une année de travail et de patience.
Pendant cette période intense, les hommes et les machines doivent être au top. De l’aube naissante au coucher du soleil, c’est un trafic incessant des vignes jusqu’au pressoir. Même si le stress est présent, personne dans les équipes ne voudrait rater ces moments hors du temps… Chacun est à son poste, et sait exactement ce qu’il doit faire, dans un sentiment partagé de stress et d’excitation. Si l’on trouve généralement le boss près du pressoir et des cuves, il n’en reste pas moins vrai qu’il s’agit d’un authentique travail d’équipe et une belle aventure humaine, jour après jour.
Je suis consciente qu’il est difficile de rendre par écrit, toute la magie de ces moments, l’excitation, la fébrilité qui règne, et qu’il est plus facile de le vivre. L’occasion pour moi de réaliser quelques courtes vidéos pour faire partager les moments clés de la vendange et le début de la saga du cognac.
De la vigne au pressoir
Des grains qui entrent dans la machine à vendanger jusqu’à l’arrivée du vin dans la cuve de fermentation, les différentes opérations qui s’enchaînent doivent être réalisées en 4 heures maximum.
Inutile de dire que la principale angoisse, c’est la panne mécanique même minime, c’est la raison pour laquelle le mois de septembre est un moment d’intense activité afin de vérifier toutes les machines, toutes les installations et s’assurer que tout sera parfait au moment de la vendange. (pour en savoir plus, lisez mon dernier post, en attendant les vendanges)
Un ballet bien rodé dans les vignes
C’est une paire bien rodée, d’hommes et de machines : la machine à vendanger qui effectue inlassablement ses allers-retours au dessus de chaque rang, le tracteur et sa remorque qui vient chercher la récolte alternativement d’un côté puis de l’autre, puis part livrer au pressoir.
Des milliers de grains de raisin arrivent en continu dans la fosse de réception munie d’une vis sans fin pour amener la récolte dans le pressoir. Tous les 1/4 heures le tracteur effectue une rotation.
Différentes sortes de pressoir existent, je ne rentrerai pas dans les détails. Toutefois le lien commun réside dans le pilotage très fin de celui-ci. Il est déterminant, un travail de pro.
A la sortie du pressoir…
Premier contrôle en sortie du pressoir, ce n’est que le premier d’une très longue série, gage de la qualité future du cognac.
Puis le vin transite par une cuve de décantation avant d’être dirigé dans sa cuve de fermentation. Ici le “piano” de François Jérôme. Inutile de dire qu’il vaut mieux bien savoir comment s’en servir pour diriger les flux… aucune erreur de manipulation n’est autorisée !
Les cuves se remplissent doucement, ce jour là nous étions déjà à la troisième cuve, à moitié remplie.
et ce jour là également, dans la “cuisine de campagne”, près du chai, là où toute l’équipe se retrouve pour déjeuner, la cuisinière en chef avait préparé une succulente daube, qui a été très appréciée après déjà 7 heures de travail intense !
Tout au long de ces journées, les mêmes gestes d’expertise, la même attention, la même excitation règnent des vignes au pressoir. Et pourtant chaque jour est différent et nécessite donc une attention toujours en éveil. La qualité du cognac apprécié dans le monde entier, commence ici, dans les tous premiers moments de la vendange.
Une belle aventure humaine faite de passion et d’humilité. Merci à tous mes amis vitis qui m’ont fait vivre ces moments de travail et d’intimité au cœur de la vendange.