Qui dit vendanges, dit machine à vendanger dans les vignes de cognac, tracteur et benne en bout de rang. Mais que se passe-t-il ensuite lorsque le tracteur revient inlassablement verser sa précieuse cargaison dans le pressoir ? Je vous propose une visite dans la partie plus méconnue et pourtant essentielle des vendanges. Mais avant, petit résumé de cette vendange 2020.
Les vendanges 2020
Réchauffement climatique ou non, force est de constater que les dates de début de vendanges ne cessent d’avancer dans le mois de septembre par rapport à une dizaine d’années, voire plus.
Les températures exceptionnellement élevées pour un début septembre, de l’ordre de 37 ° le jour et donc au moins 20 ° la nuit ont nécessité de réaliser des vendanges avant le lever du jour, voire de nuit pour certains. Dans certains domaines hommes et machines ont travaillé en 2/8 : de 22 h à 5 heures et de 5h à 12h pour éviter les fortes chaleurs et l’altération des moûts qui auraient un impact sur les arômes et la qualité de la fermentation.
crédit photos Raphael Martinaud
crédit photos vignoble Robaraud
Les dernières semaines de vendanges se sont déroulées sous un temps plus clément en température. Les pluies de mi-septembre ont été également bénéfiques.
Au final, c’est une vendange qui s’annonçait délicate compte tenu des conditions climatiques difficiles des dernières semaines, forte chaleur et pas une goutte de pluie, et qui s’avère bien meilleure que prévue. Une sorte de divine surprise en quelque sorte, preuve que c’est bien aussi la nature qui commande. C’est tout le talent des viticulteurs de savoir s’adapter et réagir à bon escient.
Premier impératif, le temps.
De la machine à vendanger à l’arrivée au pressoir, le précieux raisin apprécie le temps de transport le plus court possible. C’est en effet une condition essentielle pour ne pas altérer ses qualités. Tous les quart d’heures environ, en fonction du lieu des vignes, un tracteur vient déverser la récolte dans le conquet muni d’une vis sans fin qui entraîne les grappes vers le pressoir. On compte en moyenne 4 heures maximum entre la vendange sur pied dans les rangs et l’arrivée du vin dans la cuve de fermentation. Un ballet bien rôdé et qui ne souffre aucune imperfection.Chez François-Jérôme Prioton
Le procédé d’extraction du moût
Les raisins sont vidés dans une fosse munie d’une vis sans fin qui entraîne la récolte vers le pressoir. Les hommes sont là pour surveiller la bonne répartition de la récolte, la conduire doucement vers la vis…
Chez la famille Bertrand : Cognac Bertrand à Réaux
La majorité des pressoirs sont pneumatiques aujourd’hui. Ils permettent en effet d’extraire le plus délicatement des moûts de qualité, (faible proportion de bourbes et de composés phénoliques ).
Chez François-Jérôme Prioton
Des contrôles ont lieu en permanence. Le premier en sortie de pressoir permet d’évaluer le fameux TAV titre alcoométrique volumique. En effet, celui ci se situe généralement entre 9° et 10°5, gage d’une concentration optimale des arômes et d’une acidité relativement élevée, absolument indispensable à la conservation naturelle du vin. Aucune chaptalisation ni ajouts de sulfite n’est en effet autorisée dans l’appellation contrôlée cognac, garantissant un produit respecté et non dénaturé.
Thérèse Bertrand Cognac Bertrand
Puis le moût est dirigé vers une cuve de décantation dans laquelle il restera quelques jours. pour laisser les bourbes se déposer et transitera ensuite dans les cuves de fermentation.
Chez Hubert Raffaud
Un travail d’équipe
Dans cette période, qui signe l’accomplissement de toute une année de travail, personne ne donnerait sa place même si les journées peuvent être très longues. Le stress est également présent : une panne machine devient vite un énorme problème compte tenu de ce travail en flux tendu, obligatoire pour produire un vin de qualité. Chacun est à son poste, et sait exactement ce qu’il doit faire, les cycles se répètent indéfiniment avec précision et efficacité.
Une partie de l’équipe de Cognac Bertrand.
Si l’on trouve généralement le boss près du pressoir et des cuves, il n’en reste pas moins vrai qu’il s’agit d’un authentique travail d’équipe et une belle aventure humaine, jour après jour.
Hubert Raffaud, le boss, aux commandes du déchargement et au pilotage du pressoir.
François-Jérôme Prioton aux commandes de son “piano”