Génération après génération, la famille Rivière veille sur le joyau du domaine des Gatinauds : le pineau François 1er. Un nectar d’exception qui fait la réputation de cette maison charentaise, bien au-delà des frontières hexagonales. Dominique et son frère Emmanuel consacrent la même énergie et la même exigence à produire des pineaux somptueux, que celles que leur père Philippe et leur grand père Gaston, à l’origine de cette histoire de passion, ont méticuleusement développées.
Une dynastie de perfectionnistes
Le domaine des Gatinauds est dans la famille Rivière depuis 1804 : attachés à cette terre, respectueux de ce qu’elle produit, les Rivière ont tous vécu en osmose avec elle, génération après génération. Ils ont vécu les moments fastes du cognac comme les périodes plus délicates avec un relatif détachement.
L’ancienne entrée principale du domaine des Gatinauds, fermée à la fin du 19ième siècle, au moment de la construction de la ligne de chemin de fer qui va d’Angoulême à Cognac et pour laquelle les Rivière ont du céder des terres situées face au porche.
L’entrée actuelle donnant sur la cour fermée, typique des maisons charentaises.
Dans la cour…
J’ai eu la chance de rencontrer Philippe Rivière, il y a 20 ans. Il menait une vie d’effort et de simplicité qu’il ne cherchait pas à rendre plus douce et confortable. Toute son énergie était tournée vers l’élaboration du meilleur pineau possible, respectueux du produit, respectueux des personnes qui l’entouraient, respectueux du patrimoine qui lui avait été transmis. Comme son père, il distillait dans une des dernières distilleries fonctionnant au bois et au charbon. Perpétuant la vie du vignoble sur le domaine, comme il y avait 60 ans auparavant, il m’avait confié “C’est un monde disparu que j’ai voulu continuer à rendre présent ici”. En 2019, rien n’a vraiment changé et Dominique veille sur la même distillerie !
La distillerie
Dans quelque temps, la distillerie va s’animer et je reviendrai pour vous faire partager ces moments. Lorsque je l’ai visité, elle dormait encore. Deux chaudières en cuivre rouge et leur chauffe vin en oignon aux proportions parfaites sont installées depuis 1923. Elles ont été fabriquées par les artisans de Jonzac et de Châteauneuf.
Elles sont toujours alimentées au bois et au charbon, ce qui demande une présence continue, un savoir faire qui s’apprend au sein même de la distillerie.
C’est le coeur battant du domaine quelques semaines dans l’année. La distillerie est la quintessence de l’exigence de la famille Rivière : ne pas céder à la tentation de changer de mode d’alimentation du feu pour gagner en confort de travail, s’inscrire dans la lignée précédente avec modestie et humilité. Dans le même temps, ils n’en tirent aucune fierté mal placée, c’est juste leur choix personnel.
Le chai
Y entrer, c’est comprendre encore mieux cette famille. Le chai est dans son jus, les dates inscrites sur les plus anciennes barriques forcent le respect.
Elles sont toutes en fût de chêne du Limousin, ce que Gaston avait “théorisé” dès 1934 en lançant les premières commercialisations du fameux pineau François 1er.
Le chai est un monde de silence, de pénombre, et d’effluves subtiles. Vous quittez l’agitation de la vie quotidienne pour entrer dans un espace temps totalement différent qui vous incite naturellement à ralentir le rythme.
Ma dégustation d’un pineau d’anthologie
Quand Dominique m’a demandé si je voulais goûter un pineau de 1929, je n’ai pas hésité un seul instant. Prélever quelques centilitres de la barrique est un cérémonial lent et précis qui fait déjà partie de ce moment d’exception, celui ou vous portez le verre aux lèvres ! Je vous en laisse juge avec cette vidéo
D’une complexité aromatique folle, ce nectar ne ressemble à rien d’autre de connu. Pouvoir le déguster est un privilège rare, vivre ce moment dans le saint des saints, au coeur des chais séculaires rend ce moment unique. Je suis consciente d’avoir vécu un instant de pure magie.
Le pineau François 1er
Les vignes qui entourent le domaine, sur des coteaux dominant la Charente bénéficient d’une belle exposition. Elles sont plantées en colombard pour le pineau. Ce sont d’honorables vieilles dames de plus de 90 ans. C’est la première spécificité du pineau de la maison.
Je vous ai déjà parlé de la seconde, la distillation au bois et charbon influe évidemment directement sur le futur nectar. Les fûts de chêne du Limousin contribuent enfin à donner au pineau François 1er ce goût inimitable notamment pour les vieux pineaux, ceux pour lesquels les Rivière sont passés maîtres depuis des décennies. Les appréciations des professionnels sont unanimes comme les distinctions glanées au fil des décennies.
Fidèle à leur manière de vivre, les Rivière reçoivent dans une salle de dégustation inchangée depuis des décennies. La grande cheminée accueille le portrait du roi François 1er , qui en esthète qu’il était, aurait certainement apprécié le pineau qui porte son nom aujourd’hui.
Nous nous sommes bien amusés à prendre cette photo dans le chai avec Dominique Rivière et Alice Fougère. Arrivée récemment au domaine cette pétillante ambassadrice de la marque, porte la renommée du pineau François 1er encore plus largement à l’exportation. Elle rentre de son second périple nord américain de promotion du pineau François 1er depuis le début de l’année. Inutile de vous préciser que les dégustations font un tabac.
L’histoire du pineau des charentes
Son origine est lié au cognac. La légende raconte qu’il serait né d’un heureux hasard lié à une erreur ou un oubli. Un viticulteur aurait versé des moûts de raisin dans une barrique contenant un reste d’eau-de-vie de cognac, pensant que la barrique était vide. En la reprenant plus tard, il découvrit un vin limpide au goût agréable. Le pineau serait ainsi né à ce moment là… Il fut longtemps le vin d’apéritif et des évènements familiaux des viticulteurs. En devenant AOC en 1945, il accède à une notoriété plus grande, portée également par le développement du tourisme balnéaire sur l’Atlantique.
Les Rivière quant à eux avaient déjà développé leur réseau commercial en France et à l’étranger grâce à l’esprit visionnaire de Gaston, dès les années 1930…
Aussitôt après les vendanges, les moûts de raisin sont pressurés. Puis les jus de raisins frais obtenus sont mutés avec l’eau-de-vie de cognac titrant au moins 60 % de volume et âgée d’au moins un an. Vient alors le temps du vieillissement en fûts de chêne, plus ou moins long selon les producteurs, leurs gammes, leurs vision du produit.
pour en savoir plus sur le pineau https://www.pineau.fr/fr/