Paisible, sinueuse et relativement courte, la Charente est une des signatures du paysage de vignes de l’AOC Cognac qu’elle traverse dans sa partie la plus occidentale. Ce petit fleuve a été un trait d’union économique depuis des siècles transportant du sel, des canons, du papier, puis du cognac. Il fait partie intégrante de cette saga, avec ces bateaux à fond plat qui transportaient les barriques de la précieuse eau-de-vie vers la mer.
Avec un peu moins de 400 kilomètres de long, la Charente n’entend pas rivaliser avec les grands fleuves français. Elle tient néanmoins sa place dans la géographie et dans l’histoire, François 1er l’ayant qualifié de “plus beau ruisseau de (son) royaume”. Né à Cognac, il était forcément un peu chauvin, quoi que… Elle est envoutante toute l’année, hiver comme été, et même quand elle prend ses aises et envahit ses berges comme en janvier dernier. Je vous emmène à la découverte de la Charente qui traverse les vignes de cognac.
Paisible mais n’en fait qu’à sa tête
Prenant sa source en bordure de Limousin, elle a son caractère et ne file pas droit vers l’océan. Elle commence par se faufiler vers le nord ouest, puis bifurque brusquement plein sud, et choisit définitivement l’ouest en arrivant à Angoulême. Ses 40 affluents l’alimentent en permanence sur son tracé. Elle aime les méandres, elle se divise souvent en petits bras, découvre des îlots, joue avec les ponts et passerelles, et adore les écluses dans sa partie plus occidentale.
Petit bras devant l’abbaye de Bassac.
La passerelle des chais Magelis à Angoulême
L’écluse de Juac
La succession de petits ponts étroits de Vibrac
Passage du dernier bac à chaîne manuel à Dampierre ( seulement en juillet août)
Près de l’océan, elle s’élargit en un estuaire qui permet aux lourds cargos d’aujourd’hui de remonter jusqu’au port de Rochefort. Ses eaux se mélangent à celle de l’Atlantique devant le célèbre Fort Boyard. Il faisait en effet partie des forts de protection de l’arsenal de Rochefort, mais ceci est un autre histoire. Pour la retrouver sur le blog, c’est ici
A bord dans l’estuaire de la Charente
Le passage sous le pont transbordeur de Rochefort.
Actuellement en restauration, le chantier de ce pont peut être suivi de l’extérieur. Une belle idée de visite.
L’influence des marées se ressent jusqu’en amont de Rochefort.
Marée descendante à Rochefort devant la Corderie Royale
Les anciennes pêcheries de Saint Simeux en hiver
Rebelle parfois, elle est sortie de son lit en janvier dernier, l’occasion de faire des photos insolites.
A Bourg-Charente
L’écluse de Jarnac sous les eaux
Travailleuse et ouverte sur le monde
Elle a toujours été une source d’activité : beaucoup d’anciens moulins à eau ou pêcheries sont encore visibles. Certains moulins ont été transformé au fil des siècles en moulin à papier, apportant une notoriété nationale au papier produit sur ces terres et notamment le fameux “velin d’Angoulême”.
Trace d’une ancienne papeterie à Angoulême au pied des remparts
La Charente a été le principal moyen de transport de marchandises pendant des siècles, le sel, les canons fabriqués à la fonderie de Ruelle et convergeant vers l’arsenal de Rochefort en aval, le papier… et bien entendu le cognac.
Jusqu’au début du XX ième siècle, les précieux tonneaux partaient par la voie fluviale sur les fameuses gabares, jusqu’au port de Rochefort pour être chargés ensuite sur les vaisseaux à voile puis à vapeur qui sillonnaient le globe.
Le Marquis de Lafayette, parti sur la célèbre frégate l’Hermione pour porter main-forte aux insurgés luttant pour l’indépendance des Etats Unis d’Amérique, a voyagé avec cette précieuse eau-de-vie à bord.
La reconstitution de l’Hermione à Rochefort
Il reste de cette période, les quais, les chais le long du fleuve, les pontons… Beaucoup de maisons de négoce étaient installées sur les quais, entre Jarnac, Cognac, Saintes… Certaines y sont encore.
Quai de l’Orangerie à Jarnac
La maison Courvoisier à Jarnac en janvier dernier
Astucieuse et bien dans son temps
Après un temps de semi-endormissement, la Charente s’est réinventée une histoire en devenant un haut lieu touristique. Elle est navigable sur 170 kilomètres.
La traversée de Saintes
Le port de Cognac
Visite en gabare, croisière fluviale très prisée par les touristes, chemin de halage transformé en flow-vélo, ouvert aux cycles et piétons, la Charente accueille de nouvelles activités.
Circuit de randonnée à Rochefort
Chemin de halage
Petite halte réconfortante à Juac
Elle permet d’apprécier des points de vue, des châteaux et belles demeures que l’on ne voit pas toujours de la route.
Elle laisse entrevoir la faune et la flore qu’elle accueille et protège.
Bateau, canoé, kayak, paddle, pédalo, plongée, elle autorise tout pour peu qu’on la respecte.
Il faut prendre son temps pour naviguer dessus, elle est à l’image du terroir, symbole d’une slowlife qui ne portait pas encore ce nom.
Vous avez envie d’en savoir plus ? il faut tout simplement venir et vous laisser porter par son rythme lent et serein, un remède anti-stress naturel garanti.