En France et nul part ailleurs ! La région délimitée de cognac couvre environ 75 000 hectares dans le sud ouest, bordé par l’Atlantique, un tout petit territoire à l’échelle de la planète. Depuis son origine, le cognac est un grand voyageur, 90 % de la production est expédiée dans plus de 150 pays, qui apprécient particulièrement ce produit de luxe, synonyme du “french art de vivre”. Je vous invite à découvrir aujourd’hui les différents crus et leur particularité.
Des textes législatifs ou sinon rien
L’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) est régie par trois textes légaux principaux qui font autorité. Le premier d’entre eux rédigé en 1909 définit le périmètre au sein duquel la production de cognac est autorisée. Nous l’appelons ici “la région délimitée”. En 1936, un second décret a fixé les conditions de production des Appellations Contrôlées « cognac », «eau-de-vie de cognac » et «eau-de-vie des Charentes”, puis deux ans plus tard les différentes appellations dans la “région délimitée” voyaient le jour. Des mises à jour règlementaires sont effectuées régulièrement, la dernière date de 2015. Le cognac ne peut donc pas être produit ailleurs que dans la région délimitée, et suivant des caractéristiques qui s’imposent à tous par un cahier des charges précis.
Les différents sols qui déterminent les crus.
C’est au milieu du 19 ème siècle que le professeur de géologie Henri Coquand s’intéressa à la géologie de la région, très riche par ailleurs en fossiles. Puis associé à un oenologue, les deux hommes définirent une classification des sols déterminant la qualité des eaux-de-vie que chacun pouvait produire.
Les crus, comme nous les connaissons aujourd’hui sont issus de ce travail et n’ont pas changé : les champagne “grande champagne” et “petite champagne”, les bois “fins bois,” “bons bois”, “bois ordinaires” et le petit terroir des “borderies”.
©BNIC map and http://tourism-cognac.com/
Les Bois Ordinaires
Majoritairement face à l’Océan ou très proche, présent sur les îles d’Oléron et de Ré, les “bois ordinaires” représentent le plus petit cru en terme de quantité de vignes plantées et donc de production (environ 2 %). Dans ces paysages très prisés des touristes où cohabitent larges plages de sable fin et parcs à huîtres, fleuron de la gastronomie française, le sol est évidemment très sablonneux. Les eaux-de-vie produites vieillissent très vite.
Les Bons Bois
Ceinturant les autres crus le sol des bons bois est majoritairement sablonneux près de l’estuaire de la Gironde et dans le sud de la région, près des forêts de pins et de châtaigners. Les bons bois produisent des eaux de vie rondes vieillissant rapidement, au bouquet de raisin pressé.
Deux vignobles se font face de chaque côté de l’estuaire de la Gironde : rive droite le cognac, rive gauche le Médoc bordelais, deux appellations de prestige connues dans le monde entier.
Les Fins Bois
En jaune sur la carte c’est le plus étendu, plus de 31 000 hectares sur les 75 000 de la région délimitée. La majeure partie de ce cru possède des sols argilo-calcaires superficiels et donc très caillouteux, et des parties de calcaire plus dur de l’époque jurassique. Rondes et souples, les eaux-de-vie produites, développent un arôme de fruits fraîchement pressés.
Les Borderies
C’est sans conteste le plus petit de tous les terroirs en superficie. Il est situé au nord-ouest de la ville de Cognac. Seulement 4000 hectares, argilo-calcaire, résultant de la décomposition du calcaire. Il produit des eaux-de-vie rondes au bouquet caractérisé par un parfum de violette.
Au 19 ème siècle Henri Coquant mentionnait déjà les premières découvertes de fossiles autour de Champblanc, une carrière de gypse exploitée depuis 1865. Ce site toujours en exploitation est devenu mondialement célèbre pour la communauté de scientifiques paléontologues sous le nom de “site de Cherves de Cognac”. Plus de 2000 micro restes (incluant des dents) de crocodiles, dinosaures et ptérosaures ont été retrouvés protégés par les marnes et l’argile du sous sol pendant…. 135 millions d’années ! Pour les lecteurs paléontogistes et amateurs passionnés, c’est ici !
Carte géologique issue de l’ouvrage : Dinosaures, les géants du vignoble – Edition Eidola.
La Petite Champagne
Les sols argilo-calcaires, tendres et crayeux, issus du crétacé ont cette particularité de ressembler à une immense éponge dans laquelle l’eau s’écoule lentement y compris pendant les étés très secs. Les eaux-de- vies sont légères et fines avec un bouquet floral prédominant. Elles sont faites pour vieillir longtemps avant d’atteindre leur pleine maturité.
La Grande Champagne
Egalement appelée le coeur du cognac, la Grande Champagne couvre environ 15000 ha dans le cru le plus prestigieux. Les eaux-de-vie produites présentes des caractéristiques d’extrême finesse et de légèreté au bouquet floral prédominant. Elles requièrent un long vieillissement pour atteindre leur pleine maturité. Les plus exceptionnelles d’entre elles peuvent patienter 100 ans à l’abri des regards. Les eaux de vie issues de ce cru peuvent bénéficier de l’appellation contrôlée “cognac grande champagne” et “cognac grande fine champagne”.
