Le cognac conjugué au féminin pluriel

Disons le d’emblée, l’univers du cognac est depuis toujours plutôt masculin, version ++ Mais aujourd’hui les lignes bougent singulièrement. Les femmes font leur place, et ce dans tous les domaines. Notre première réunion improvisée et très sympa de “cognac girls” pour le 8 mars en a été la plus belle des preuves.

Fêtons l’implication des femmes dans la filière cognac

Une photo de groupe dans la bonne humeur, un mantra objectif et non revendicatif, c’est ce que je retiens de notre première rencontre organisée “à l’arrache” sur une idée d’Amy Pasquet  et de Fanny Fougerat quelques jours avant.

Nous n’avons pas pu être toutes présentes dans la distillerie de Fanny, mais l’idée était belle et méritait d’être mise en pratique. Le 8 mars au matin, nous avons toutes publié notre photo de groupe sur nos différents réseaux sociaux, associée à cette mention : fêtons l’implication des femmes dans la filière cognac. Les retours ont été positifs et bienveillants, à l’image de notre initiative.

Que dire de ce moment si ce n’est qu’il fut très convivial, amusant et intéressant.

Lors de la présentation, chacune a exprimé son vécu en tant que femme dans l’univers du cognac, avec souvent beaucoup d’humour et de recul. C’est vrai qu’il en faut parfois pour vivre des situations du quotidien, même si les mentalités évoluent. Bref, un moment qui a en quelque sorte “fondé” l’envie de faire vivre ses rencontres en élargissant le premier cercle.

 

making off de la photo Cognac women's club

La dynamique communicative de Fanny Fougerat lors de la préparation du photo call dans sa distillerie

 

 

Ne plus être la femme de… ou la fille de…

Les archétypes ont la vie dure. De tout temps, les femmes ont été dans le vin, mais leur place était soit contestée, soit tolérée, soit minimisée. Dans les vignes les durs travaux de “tirage des bois” leur étaient réservées, par exemple. Pour mes lecteurs non experts, “tirer les bois” consiste à retirer les bois coupés par la taille (faite par des hommes) pour les sortir de l’enchevêtrement vigne, fils. Un viticulteur m’a dit un jour : “c’est normal que ce soit un travail de femme parce que c’est comme de la couture ou du tricot” sic !

Pour certains autres, comme dans beaucoup d’autres régions viticoles, “les femmes faisaient tourner le vin” et dans certains lieux, les femmes ne pouvaient pénétrer dans les chais. Laissons-leur leur croyance d’un autre siècle, cela ne mérite pas que l’on s’y attarde.

Donc beaucoup de femmes ont travaillé de toute temps dans les vignes, besoin de main d’oeuvre, travail de couple dans une petite exploitation, mais sans être reconnues, y compris socialement, fiscalement, juridiquement. Cet état de fait n’est pas propre au domaine du vin, on l’a retrouvé largement dans toute les exploitations agricoles, chez les artisans… Heureusement la société évolue.

Cette évolution, sur les jeunes générations notamment, est tout-à-fait sensible chez un couple que je vous ai déjà présenté : Amy Pasquet, franco-américaine, est l’alter égo de son mari Jean, ils forment à eux deux, un couple extraordinaire de gentillesse de professionnalisme et de compétences partagées.

Amy et Jean Pasquet en dégustation

 

Les femmes prennent leur juste place

Fort heureusement, si les mentalités masculines ne sont pas aussi monolithiques, c’est surtout la pugnacité des jeunes générations de femmes qui ont fait bouger les lignes en investissant en premier lieu dans les filières viticoles de formation : celle des oenologues atteint presque la parité aujourd’hui par exemple. A Segonzac, en Grande Champagne de cognac, dans le master 2 droit gestion et commerce des spiritueux à l’Université du même nom,  les filles sont majoritaires.

Elles sont  de plus en plus nombreuses à  reprendre leur place dans le domaine familial , après un parcours extérieur en oenologie, production, commercial, marketing…, dans un univers viticole différent de celui du cognac et pour un certain nombre  d’entre elles à l’étranger.  Cette expérience en dehors du champ familial est également valable pour les fils de… pour être totalement impartial.

Line Sauvant, après des études commerciales et une première vie professionnelle en dehors de la propriété,  est revenue en 1994 pour s’y investir totalement et prendre la suite de son père. La famille est présente depuis 1610 sur ses terres, c’est la première femme à prendre la tête de l’exploitation devenue viticole avec son grand père qui a créé la marque Guillon-Painturaud.

Line Sauvant des cognacs Guillon Painturand devant ses chais

 

Lorsque je l’avais interrogé à ce sujet sur sa vision de femme dans un univers masculin, alors qu’elle était en pleine campagne de distillation,  elle n’avait rien éludé elle qui est présente dans la vigne, distille seule, et commercialise sa production. L’approche du travail, l’expérience, la sensibilité peuvent être différentes mais au final Line ne voyait aucune différence majeure entre hommes et femmes dans l’exercice de la profession. « J’ai l’habitude de travailler avec des hommes, cela n’est en aucun cas un problème, je n’y pense même pas à vrai dire »

Pour les rencontrer souvent, je trouve que cette double expérience , extérieure puis retour en famille, commune aux filles de… et fils de… permet précisément aujourd’hui une plus grande ouverture d’esprit sur l’arrivée des femmes dans l’univers de cognac. Une question de génération en quelque sorte.

Bref lorsqu’on est aux commandes de son exploitation de cognac, on est d’abord experte avant d’être femme ou fille de…

 

La Maison Rémy Martin, propriété de la famille Hériard Dubreuil, dont la présidente fut pendant plusieurs années la très déterminée Dominique Hériard-Dubreuil avait  choisi comme maître de chai la non moins emblématique Pierrette Trichet, ce qui pouvait s’apparenter à un crime de lèse majesté pour certains, la seule femme à ce poste dans le cognac.

Cette biochimiste de formation, discrète et modeste, n’en n’a pas moins porté la Maison à des niveaux d’excellence incontestables. C’est à elle que l’on doit l’exceptionnel Louis XIII Rare Cask. 

Pierrette Trichet Rémy Martinphoto Rémy Martin

 

Et maintenant ?

Nous serons forcément plus nombreuses  lors de notre prochaine rencontre, placée sous le signe de la dégustation en juin prochain. Cette initiative quelque peu impromptue a suscité beaucoup de retours positifs. L’objectif premier est de pouvoir échanger et partager sans nous positionner dans une posture de réaction contre quoi ou qui que ce soit.

 

 

 

Les initiatives existantes

Dans d’autres régions viticoles, des rencontres sont instituées parfois depuis plus de 10 ans. Des associations existent, notamment ‘Femmes de vins” pour échanger  des informations techniques, commerciales, juridiques…

L’association Women do Wine oeuvre également dans cette recherche de reconnaissance et de partage.

 

logo de Women do Wine

 

Dans l’univers du cognac, la Maison Hennessy a initié en 2013 des rencontres “Vignoble au Féminin” pour échanger avec ses partenaires femmes, sur des thématiques telles que : la créativité, la transmission, l’innovation, la création, ou l’esprit de conquête. Un rendez-vous annuel autour du 8 mars, qui a permis de battre en brèche nombre d’idées reçues et de mettre en évidence l’importance des « femmes de la vigne » et des « femmes d’entreprise » dans l’univers du cognac.

Hennessy vignoble au féminin

 

 

Ophélie Neiman,  journaliste vin au Monde pose quant à elle son regard pertinent sur les rencontres de femmes du vin  dans un contexte global tous vignobles confondus. « De mon point de vue, le but n’est pas d’isoler les femmes mais de réunir des moyens financiers et médiatiques pour donner de la visibilité aux professionnelles du vin et révéler qu’elles sont bien plus nombreuses qu’il n’y paraît. In fine, montrer qu’elles ne sont pas une minorité mais un groupe qui pèse lourdement sur tous les secteurs du vin. »

 

Prochain article sur les femmes et le cognac, après notre seconde rencontre en juin prochain !

les femmes du cognac

La photo de Une  due à  la photographe Julie Desbois

Debout à gauche, Sophie von Olfers: site et blog  Cognac-Expert.com

Assises : Geraldine Landier:  Cognac Remi Landier et Anne Loloum Frangeul: blog livingincognac.com

Alice Burnet : cognacs prunier

Puis de gauche à droite en hauteur

Nathalie: Sales : La Cognathèque

Christine Croizet: VS News

Sabine de Witasse : https://raisonpersonnelle.wixsite.com/raison-personnelle

Marion Duband : https://maisonartonic.com/

Gaelle Porchet : Pineau Porchet

Nathalie Egreteau http://www.hardycognac.fr/

Isabelle Couprie: http://www.abk6-cognac.com/fr/accueil

Amy Pasquet: Pasquet Cognac

Au premier plan de gauche à droite : Benedicte Hardy: Cognac Hardy

Fanny Fougerat https://www.cognac-fannyfougerat.fr/fr

Julie Fouassier https://www.courvoisier.com/fr/home

Axelle Grosperrin https://cognac-grosperrin.com/maison-grosperrin/histoire/

 

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