Passer de l’autre côté du miroir
Après tant de textes publiés dans le cadre de mon activité professionnelle, ou à titre plus personnel, comme ce blog en témoigne, j’ai enfin osé traverser le miroir pour me consacrer à un projet éditorial longuement mûri. Si le sujet ne vous étonnera pas outre mesure, l’univers du cognac dans sa dimension patrimoniale et art de vivre, encore fallait-il ressentir le déclic, celui de l’évidence et de la temporalité…
Ce fut à la fin de l’été dernier. Comme souvent lorsque la décision est prise, le paysage s’éclaire. Les freins que l’on s’impose, la procrastination sournoise, les mauvaises raisons, s’effacent devant l’envie et le plaisir de se confronter à cette aventure éditoriale.

Un pur plaisir
Ecrire une non-fiction demande d’effectuer des recherches, des rencontres, même si je connais bien mon sujet. Ce fut le travail des premiers mois de l’année avec des pauses, des reprises. Et depuis 2 semaines, le rite et le rythme sont en place. Chaque matin très tôt à l’heure où les oiseaux se réveillent dans les arbres du jardin, je m’installe près du mimosa et de l’olivier et je plonge avec bonheur dans l’écriture. Parfois mon chat vient me tenir compagnie, parfois, car c’est également pour lui l’heure de sa première ronde de la journée, à chacun son plaisir.
Le cognac évidemment
Il est l’incontournable de ce projet, mais peut-être n’est il pas le seul personnage principal… Je ne vous en dirai pas plus pour le moment. Considérer le cognac comme une boisson relève d’une absolue méconnaissance de l’esprit même de ce spiritueux unique au monde. Le cognac possède avant tout une dimension culturelle patrimoniale et esthétique qui a façonné les paysages, les hommes et femmes d’ici, les savoir-faire… Le temps ne revêt pas la même valeur au pays du cognac. Reprenant Cervantès et son Don Quichotte, un ancien président de la République inhumé à Jarnac aimait à de rappeler “qu’il faut donner du temps au temps” presque une seconde nature pour les charentais.
Dans cette société de l’immédiateté et du clic frénétique, ce rapport au temps peut sembler anachronique, peut sembler seulement…
Un art de vivre inspirant ?
Lorsque je “distille l’art de vivre au pays du cognac” dans ce blog je n’impose pas une figure de style “instagrammable” d’une vie idyllique et sans aspérité. Mon intention est de refléter le plus fidèlement possible à quel point le cognac n’est pas seulement ce spiritueux connu et apprécié dans le monde entier depuis des siècles, mais la quintessence d’une histoire multi-séculaire unique, intimement liée au territoire, aux terroirs, aux éléments naturels, à son élaboration. Il me fallait donc aller plus loin dans cette recherche, non pas raconter l’histoire du cognac ou son élaboration, d’autres auteurs l’ont brillamment fait avant moi. Ce que je cherche à mettre en lumière est ce lien intime entre le cognac et ceux qui le font naître.
Une société du savoir et des savoir-faire
Nous formons ici individuellement et collectivement une petite société du savoir, un savoir unique que nous transmettons par l’intermédiaire des savoir-faire précieusement répertoriés.
Mais les hommes sont d’un naturel “taiseux”, les chais se nourrissent de silence, la discrétion et la retenue sont érigées en vertus cardinales. Il faut du temps, de la patience pour atteindre le coeur du mystère, si toutefois l’on peut y parvenir. Plus j’écoute, plus je me nourris de cette quête, plus j’apprends, plus je découvre. Le cognac, symbole du respect du temps, a su traverser les vicissitudes des siècles avec finesse et intelligence, grâce à la détermination et à l’esprit d’ouverture de ses générations de passeurs qui se sont transmis le témoin avec humilité et confiance.
Dès lors, le cognac peut-il être pour partie, un sujet d’inspiration pour une société en recherche d’authenticité, de valeurs, de respect des savoirs ?
Je vous laisse imaginer ma réponse et retourne à mes pages d’écriture en pensant à vous chers futurs lecteurs, du moins je l’espère vivement.